Souvenons-nous : la première élection au suffrage
universel direct par les citoyens des députés du Parlement européen date de
1979. Les représentants des dix États membres d’alors cherchaient ainsi à
accroître la légitimité de la Communauté européenne en renforçant la
participation des citoyens à son fonctionnement. A cette date, les deux tiers
des citoyens, 66%, se rendirent aux urnes. Ce pourcentage aurait été plus
élevé s'il n'avait pas été diminué par l'euroscepticisme britannique, 32%
seulement de participation.
Aujourd’hui,
dans les 28 Etats membres de l’Union européenne, l’élection reste le principal
support de la participation des citoyens et de la légitimation du Parlement
européen, seule Institution qui nous représente directement et pour laquelle
nous votons.
Ce que je ne comprends pas !
J’entends reprocher aux institutions européennes d'être loin des citoyens ou trop compliquées ou trop libérales ou de trop influencer notre mode de vie et, dans la plupart des pays, en France tout particulièrement … les mêmes qui font ces reproches ne cessent pas de bouder le principal moyen qui leur est donné d'en influer les priorités et les actions. Cela me semble un véritable paradoxe ! Le manque d’attention des Français pour l’institution qui représente leurs intérêts dans le système politique de l’Union et l’absence de débat autour des enjeux de son évolution me désespèrent.
Il est dit et redit que les Français ont une faible
connaissance de l’Union européenne, du Parlement
européen et des enjeux du scrutin. Je comprends que les électeurs qui ne
saisissent pas bien le sens des élections européennes ou n’en comprennent pas
les modalités soient peu enclins à faire l’effort de voter ! J’entends
dire qu’ils ne se sentent pas concernés ou que les députés européens sont trop
loin d’eux et qu’ils ne s’estiment pas capables d’un choix éclairé. La
motivation leur fait donc défaut pour participer à l’élection européenne.
Or
il n’est pas si facile d’expliquer clairement !
Le
sentiment d’appartenance des Français à l’Union européenne ne se décrète pas,
il se construit sur une curiosité puis la recherche d’une information
approfondie.
Or,
dans la vie politique française fortement bipolarisée, comment faire comprendre
et apprécier le fonctionnement consensuel du Parlement européen, la
recherche de consensus entre 28 Etats, entre les principales familles
politiques et les intérêts quotidiens des citoyens de ces Etats ?
Comment
expliquer qu’au-delà de la complexité des textes soumis à la délibération du
Parlement européen, les subtilités de celle-ci, il existe un travail quotidien des
députés en Commission parlementaire, en Groupe politique, en session plénière,
en délégation pour les relations avec les Etats hors UE ?
Les députés européens étudient,
analysent, discutent. Ils s’accordent sur le contenu des règlements et
directives qui seront appliqués dans les
Etats membres.
Pourquoi suis-je passionnée par l’élection des députés européens ?
Depuis 1979, chaque Traité européen a élargi les compétences
du Parlement européen. La mise en œuvre du Traité de Lisbonne le 1er décembre
2009 les a encore accrues. Les députés exercent trois pouvoirs fondamentaux :
législatif, budgétaire, contrôle politique des autres institutions européennes.
Il font évoluer la réflexion sur des problèmes de société et, au travers de
leurs résolutions, exercent un rôle d'impulsion politique. Ils éliront le prochain
président de la Commission européenne sur la proposition du Conseil européen.
Le Parlement européen a maintenant autant de poids que le
Conseil qui réunit les ministres de nos Etats par domaine de compétences.
Députés et ministres doivent s’entendre. Cela s’appelle la
« codécision ». Elle est indispensable dans 85 domaines dont la
gestion des budgets, les affaires économiques et monétaires, l’agriculture et
le développement rural, l’environnement, les transports, le tourisme, le
développement régional, l’emploi et les affaires sociales, la santé publique et
la sécurité alimentaire, la protection des consommateurs, le marché intérieur, la libre circulation des travailleurs, les
programmes européens d’éducation, de la santé, de la culture, les affaires étrangères,
les droits de l'Homme, la sécurité et la défense, le développement, le commerce
international, l’industrie, la recherche et l’énergie, les libertés civiles, la
justice, les droits de la femme et l’égalité des genres, le droit de chacun à
déposer une pétition.
Dans tous ces domaines qui nous
concernent directement, le rôle des députés européens consiste essentiellement
à nous représenter et à défendre leurs messages près des chefs d’Etat et de
gouvernement et près des autres Institutions de l’Union. En liens étroits avec
les parlements nationaux, ils influencent de plus en plus la politique de
l’Union.
Les députés que nous avons élus
en 2009 revendiquent souvent leur rôle de « gardiens des libertés et de la
démocratie. » Ils luttent contre toutes les formes de discrimination et
contre les violations des droits de l’être humain dans l’Union européenne et
dans le monde. Ils multiplient les auditions publiques largement ouvertes à la
société civile et proposent des initiatives visant à faire délibérer le plus
grand nombre de citoyens pour nourrir leur réflexion.
Nos inquiétudes devant la
situation économique, sociale, financière sont en tête de nos préoccupations
quotidiennes. Cela devrait justement nous inciter à participer activement à
cette élection. Choisir, parmi les candidats à nos suffrages, les plus au fait
des enjeux européens et nationaux est crucial pour que l'Union européenne soit
capable de mettre en place les politiques nécessaires pour relever les défis. Pour
que nos avis soient vraiment pris en compte, il faut qu’ils soient portés par
des femmes et des hommes qui nous représentent vraiment. Il faut que nous
votions. Un fort taux de participation augmenterait la crédibilité des députés
français et exprimerait la volonté française de participer pleinement au
dialogue politique au niveau européen.
Ce qui me rassure.
Du 22
au 25 mai 2014, les élections européennes auront lieu simultanément dans les 28
Etats membres. 751 députés seront élus pour 5 ans établissant le nouvel
équilibre politique du Parlement. Il est évident que le Parlement jouirait
d’une plus grande autorité au sein du système institutionnel et d’une meilleure
image dans les opinions publiques s’il mobilisait davantage les électeurs.
Le
25, en un seul tour, en scrutin de liste, nous élirons 74 députés français.
L’euroscepticisme et l’abstention déjà, aujourd’hui, largement
(perfidement ?) annoncés par de nombreux commentateurs et certains députés
européens ne mettraient pas le Parlement en péril ! Je refuse les discours
alarmistes qui ne sont pas sans arrière-pensées.
Nous
sommes nombreux à être engagés pour une société plus juste, plus démocratique,
plus sociale, citoyenne et solidaire. Nous voterons, avec la capacité à soutenir et légitimer l’action de nos
députés, en leur faisant confiance pour qu’ils reflètent nos préoccupations et
qu’ils défendent efficacement nos intérêts de citoyens européens.
Le projet «Les Seniors citoyens
et l’Europe» aidera à plus d’information.